Black Swan, de Darren Aronofsky (2010)
Je l’ai vu il y a quelques jours, et je n’arrive toujours pas vraiment à mettre des mots sur ce que j’ai ressenti, mais je vais essayer.
Nina (Natalie Portman), ballerine au sein du très prestigieux New York City Ballet, se dévoue corps et âme à la danse classique, sa passion de toujours. Quand Thomas Leroy (Vincent Cassel), le directeur artistique de la troupe, prend l'initiative de remplacer Beth (Winona Ryder), danse étoile devenue trop âgée pour ce métier, pour son nouveau spectacle, une version sombre du Lac des cygnes, son choix s’oriente vers Nina. Mais l’innocence et la douceur de la jeune fille, parfaite pour le Cygne Blanc, l’empêchent d’interpréter un Cygne Noir crédible, qui, lui, symbolise la sensualité et les ténèbres. Nina rencontre alors une autre danseuse, Lily (Mila Kunis), qui se révèle parfaite pour interpréter le Cygne Noir, et une amitié étrange et perverse se lie alors entre elles tandis que Nina découvre, avec une fascination grandissante, son côté sombre, refoulé depuis longtemps Mais l'extérioriser risque bien de la détruire…
J’avais vraiment hâte de le voir et je pensais sincèrement adorer. Après tout, j’aime le ballet, j’aime le lac des cygnes, j’aime les films psychologiques et l’opposition Lumière/Ténèbres, et j’aime Natalie Portman. C’était donc bien parti pour me plaire. Alors premièrement, je dirais que je reconnais la puissance de ce film, tout comme j’admets que l’histoire est bien ficelée, avec un symbolisme brillant, un potentiel psychologique intéressant qui a été exploité de manière assez intelligente, et originale, avec le thème du doppelganger, ces deux cygnes qui se confrontent, celui de l’amitié ambiguë et perverse mêlée de rivalité… Le tout offert par de très beaux jeux d’acteurs sur cet univers de la danse en apparence féerique. Oui, c’est habile, et les scènes de danse, sur cet air mythique, sont réellement magnifiques.
Mais... malgré tout ça, je l’ai détesté. Avec un grand D, même. C’est d’ailleurs la première chose que j’ai dite à Ludovic en sortant du cinéma. C’est étrange, car je reconnais que c’est un bon film, mais je l’ai trouvé trop... gênant, dérangeant, perturbant même, et pourtant ça ne me gêne pas d’habitude au cinéma, n'allez pas me prendre pour une petite nature ; j'aime être surprise, choquée, bouleversée. J'aime qu'un film m'ait suffisamment touchée pour ne penser plus qu'à ça pendant quelques temps, mais là, ça n’est vraiment pas passé. Le début m’a déjà donné une impression de mal-être, avec la caméra en gros plan qui m’a presque donné la nausée, et cette sensation est demeurée, et d’abord je ne supporte pas les ongles, on ne devrait même pas en avoir. L’atmosphère générale du film m’a mise mal à l’aise, et les scènes de schizophrénie, certes intenses et nécessaires à l’histoire, m’ont été vraiment désagréables. Je me suis sentie oppressée, prise en otage. Au final, j’ai passé un moment assez pénible, dans le stress, mais un stress qui n’avait rien de positif, comme c’est parfois le cas avec des films qui « prennent aux tripes », et j’avais hâte que ça se termine, pas parce que je m’ennuyais, au contraire, mais véritablement parce que ça m'était indigeste.
Concernant les acteurs, j’ai été ravie de retrouver ma chère Winona Ryder, dont la présence ici est aussi puissante qu’effrayante, avec un jeu exprimant toute la souffrance et l'esprit vindicatif du personnage. Natalie Portman est l’une de mes actrices préférées, sans conteste, et son interprétation est absolument brillante, convaincante dans ce rôle d’enfant innocente incapable de se laisser aller et d’incarner par conséquent le Cygne Noir, entre candeur, passion refoulée et folie. Néanmoins… j’ai trouvé que ce rôle ne lui allait pas vraiment, par rapport à ses précédents rôles peut-être, ou tout simplement à l’image que j’ai de cette actrice, allez savoir… Mila Kunis campe un Cygne Noir parfait, entre malice et sensualité, et l’interprétation de Vincent Cassel est concluante et parlante, pour une fois (ça change des autres films dans lesquels je l’ai vu, surtout « Elizabeth » pour lequel il aurait mérité l’oscar du pire acteur de tous les temps).
L’aspect psychologique est, comme je l’ai dit, bien exploité et riche, mais reste tout de même un peu manichéen par moments, et dans le même style, j’ai d’ailleurs préféré Fight Club, par exemple. Et peut-être une légère frustration car au bout d'un moment, je m'attendais à quelque chose de complètement surnaturel (suis-je la seule à avoir pensé que la mère de Nina était un fantôme ??)
Donc voilà, c’est un film intéressant, prenant et profond, et il mérite les récompenses qui lui sont promises, vraiment. Mais je n’ai vraiment pas accroché, voilà tout. C’est bizarre, peut-être qu’avec du recul, je saurai être plus précise dans ce que j’ai ressenti, car c’est encore confus, mais voilà mes impressions à chaud, un peu fouillis. Je pense que ça vient du fait que je suis très extrême, aussi, un tel film, un grand film, certainement, ne pouvait pas me laisser indifférente, mais ça ne pouvait que passer ou casser, sans stades intermédiaires. Du coup, peut-être aurait-il pu me plaire si je l’avais vu dans d’autres conditions, un autre état d’esprit, ou simplement à un autre moment. Vraiment étrange, hein ? Mais encore une fois, je reconnais que c’est un bon film, exceptée cette fin, en apothéose et en accord avec tout le reste, sans nul doute, mais si prévisible...