Jane, par Julian Jarrold
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J’ai tellement d’oeuvres magiques à raconter, je suis terriblement en retard, et le film dont je voudrais parler aujourd’hui est sorti il y a maintenant plus d’un mois, je crois, et par conséquent moins frais dans mon esprit, mais qu’importe. Il mérite largement une petite place sur mon blog et c’est pourquoi je vais donc lui consacrer ces lignes.
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Ce film nous dresse un portrait de la très célèbre romancière anglaise Jane Austen, ayant vécu au XVIIIème siècle et qui est l’une des figures emblématiques de la littérature britannique. A travers ce portrait, on assiste à la vie que mena cette jeune femme à l’aube de ses vingt ans, avec l’ébauche de ses premiers écrits et surtout, son histoire d’amour passionnée avec Tom Lefroy qui lui inspira son premier et certainement plus célèbre roman Orgueil et Préjugés...
En tant qu’angliciste et surtout, amatrice de bonne littérature, je connais bien Jane Austen dont je suis une grande admiratrice et dont je conseille les romans à tout le monde (il faut au moins en avoir lu un dans sa vie) et j’avais donc fin hâte de découvrir ce film portrait sur elle.
Inspirée d’une histoire vraie, cette histoire nous plonge dès le début dans cette ambiance fraîche, délicate et presque magique de la campagne anglaise de l’époque, nous faisant découvrir cette histoire au milieu de magnifiques paysages accompagnés de belles musiques, épousant parfaitement l’esprit du film. De mêmes que ces longues scènes lentes, collant très bien avec sa sensibilité du film et surtout l’époque de cette partie du XVIIIème en Angleterre, avec sa société encore menée par les privilèges des uns.
Brefle, un beau décor pour entrer dans cette belle histoire centrée sur l’histoire d’amour de Jane et Tom. Il va sans dire que le duo formé par Anne Hathaway et James Mcavoy a su convaincre et imposer de par leur interprétation remarquable. Leur relation à la fois tendre et passionnée, leur rivalité du début, les répliques cinglantes de Jane, les critiques littéraires de Tom à son égard et surtout, la passion que l’on sent entre eux, surtout au moment de la scène de la danse... Brefle, tout est là pour nous présenter un couple auquel on ne peut que croire, touchés par la sincérité et l’intensité de leur relation. On sent une sorte d’osmose en Anne Hathaway et James Mcavoy et c’est pourquoi les scènes entre eux deux m’ont parues si parfaites et savoureuses, avec ces dialogues délicieux... Et le fait que tous deux ne soient pas des acteurs du style hollywoodien avec un physique parfait m’a plu. Anne Hathaway et James Mcavoy sont certes charmants, mais ils ne sont pas d’une beauté frappante, même assez ordinaires, je dois dire, mais ce n’est que meilleur afin de s’identifier plus facilement à eux et de se concentrer sur la richesse de leur personnalité respective.
Au début, j’avoue que j’avais un doute quant à la présence d’Anne Hathaway dans le casting, dans le rôle principal, qui plus est. Malgré son talent d’actrice, je n’ai jamais accroché à son charisme (oui il y a des visages qui ne me reviennent pas, comme ça ^^) et n’ai pas été franchement marquée par ses interprétations dans ses précédents rôle, mais ici... J’avoue qu’elle m’a grandement convaincue en épousant parfaitement les traits de ce personnage admirable. Elle nous transporte avec beaucoup de justesse directement dans le coeur de cette romancière à travers sensibilité, caractère, humour et passion. Et elle correspond finalement tant à l’image que l’on se fait de Jane Austen que l’on se laisse prendre au jeu en oubliant même que l’actrice n’est même pas Britannique (chose qui m’avait laissée perplexe en voyant le casting au début). Une grande et époustouflante interprétation, oui. Ses premiers films ados et légers me laissaient sceptiques quant à sa réussite dans un film et surtout un rôle aussi mature et sensible, mais je fais ma mea-culpa, à présent. J’ai également été très impressionnée par le talent de James Mcavoy que j’ai découvert ici. Son charisme, son caractère, son air à la fois insolent et tendre ont su rapidement me charmer et sa prestance m’a réellement convaincue.
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L’histoire est juste, vraie... Elle nous charme, nous impressionne, nous attriste, nous transporte... La profondeur des sentiments nous atteint forcément et l’émotion procurée par la vie de cette jeune femme fougueuse avide de liberté qui se complique de plus en plus pour finalement connaître une fissure irréparable se ressent avec beaucoup de justesse. On sent l’inspiration sur Orgueil et Préjugés, ainsi que la présence d’Elizabeth et de Mr Darcy dans la relation entre Jane et Tom. La scène du sacrifice de Jane à la fin et d’une telle intensité, et celle qui m’a le plus émue est celle où, dans l’épilogue des années après, Tom vient féliciter Jane pour la parution d’Orgueil et Préjugés, l’air si triste et plein de regrets, en lui présentant sa fille, Jane… Ça m’a beaucoup émue. Les scènes d’écriture de Jane à son bureau, avec sa plume noire, m’ont également enchantée, pour des raisons personnelles, autant que Johnny Depp dans « Neverland » ou Winona Ryder dans « Little Women », pour ceux qui comprendront... Un bravo également à tous les autres acteurs du films, incarnant des personnages authentiques et intéressants, de la froide Lady Gresham en passant par l’émouvante Cassandra ou encore le gauche Mr Wisley.
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Pour finir, à la fin du film, on a que les yeux pour pleurer, l’esprit encore tout parcouru des images de cette merveilleuse histoire. On est bouleversé de pénétrer ainsi dans la vie de cette grande romancière, en la découvrant telle les héroïnes de ses romans ; une jeune femme passionnée, romantique, intelligente, libre, avec un sens de la répartie bien affirmé et une personnalité tellement riche. « Jane », une belle histoire de vie et d’amour, la biographie d’une personnalité remarquable, tragique, émouvante, riche et percutante. Le drame romantique anglais classique dans toute sa splendeur. Un très bel hommage à une femme admirable.