Je suis la créatrice. Je suis la spectatrice.
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Dès le moment où mes doigts s’emparent de cette plume, entrelacent ce stylo ou alors viennent se perdre sur cet écran d’ordinateur, c’est le déclic.
J’écris.
J’imagine.
Je créée.
Je donne vie.
Dès lors, des personnages apparaissent, des lieux se précisent, une histoire se construit…
A travers les mots que mon imaginaire et ma fantaisie nourrissent.
La lecture donne le pouvoir d’épouser un tout autre univers et de s’y fondre entièrement et l’écriture le possède également, mais en passant de l’autre côté du miroir.
Celui du créateur.
Un pouvoir extraordinaire qui, s’il est travaillé et pris au sérieux, peut se révéler réellement fabuleux.
Fantastique.
Avoir le pouvoir de créer un univers qui nous fascine et de l’enrichir par le seul pouvoir de son imagination retranscrite par la merveilleuse force des mots.
Avoir le pouvoir de créer des vies, de construire des personnages avec un passé, une histoire, une personnalité propre…
Laisser son être se décupler à travers chacun de ces personnages issus de notre imaginaire et offrir une partie de nous-même à chacun d’eux, des côtés les plus beaux et dont nous sommes les plus fiers à ceux que l’on déteste en passant par ces côtés les plus fous de nous ou ceux qui sont cachés au fin fond de notre âme et que l’on n’ose pas révéler au grand jour…
Avoir le pouvoir et la volonté de toujours aller plus loin, d’enrichir son monde, de le travailler, de lui donner un but pour qu’il prenne vie, au-delà du superficiel.
Et lorsque notre monde, cette histoire qui se construit, devient de plus en plus précise et réelle dans notre tête, on en vient parfois à se surprendre d’y penser comme si cet endroit existait réellement.
Comme si ce monde imaginaire créé des fragments de notre âme était un lieu secret et caché où nous allons nous promener de temps à autre, lorsque les chaînes du monde réel nous permettent de nous en échapper l’espace d’un instant.
Où tout devient magique.
Et le bonheur se confirme au moment où nos personnages ne sont plus que de simples pantins dotés d’une personnalité superficielle et incomplète. Au moment où nous les avons tellement enrichis qu’ils nous apparaissent finalement comme de vrais êtres.
Vaguement inspirés d’amis, d’ennemis, de personnes que l’on admire ou qui nous font peur pour devenir à leur tour nos amis, nos ennemis, des personnes qui nous fascinent ou alors nous effraient…
En devenant eux-mêmes. Authentiques.
Plaisir peut-être comparable à celui d’un acteur qui a su donner une telle puissance au personnage qu’il interprète que celui-ci en est devenu réel, comme palpable…
Et je ressens cette sensation merveilleuse par mon statut de créateur-spectateur.
Et lorsque l’on se rend compte, soudainement, que tout cela vient de nous, tout s’illumine alors et nous couvre d’un plaisir indescriptible.
Que cela soit bon ou mauvais, apprécié ou détesté par les éventuels lecteurs, cela n’a plus grande importance lorsque ce sentiment d’authenticité au-delà de la simple histoire vient nous envahir.
Parce que c’est… juste nous.
Notre monde qui apparaît finalement de manière visible sous nos yeux magiques.
Tellement profond dans notre âme que c’en est devenu vrai.
Sentiment peut-être comparable à celui d’une naissance, car c’est bien cela que l’on vient de faire, d’une certaine façon et d’un certain point de vue : donner la vie.
L’écriture, c’est un monde sans barrières, libre, entier, où l’on ose, où nous pouvons être nous-même en toute sincérité et où notre âme se déchaîne et se révèle, sans que l’on puisse l’arrêter d’une façon quelconque.
Tant que l’imagination et la passion continueront de nous animer.
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Où tout devient possible.
J’ai l’imagination. J’ai la passion. J’ai des mains.
Alors pourquoi me serai-je privée de ces moment bénis durant lesquels je laisse mes songes prendre vie sans restriction aucune ?
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