Les Dames du Lac, par Marion Zimmer Bradley

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Retour dans l’indémodable saga du Roi Arthur ! Après l’avoir présentée il y a quelques mois du point de vue de Guenièvre avec un livre que j’avais adoré, en voici à présent une version différente et non moins connue, vue cette fois-ci plutôt du côté de Morgane ! Je suis en effet une grande fan de cette saga arthurienne des Dames du Lac et il est donc à présent pour moi temps d’en parler en en présentant le tome 1.

Dans le premier tome de cette saga qui compte en tout quatre livres, nous revisitons la légende arthurienne à travers un regard principalement féminin. En effet, les femmes jouent un grand rôle ici, et sont toutes plus vaillantes et attachantes les unes que les autres. L’histoire débute avec Ygerne, duchesse de Cornouailles qui, par son alliance avec le haut roi Uther, donne naissance à Arthur. Viviane, Dame du Lac et grande prêtresse d’Avalon joue un rôle clé ici, en arrangeant les choses selon le vouloir de la Grande Déesse, Guenièvre, épouse d’Arthur qui aura un rôle crucial concernant la séparation entre le Christianisme et les anciennes croyances païennes à la Cour et comme à l’accoutumée dans les histoires arthuriennes, déchirée entre son amour pour Lancelot et pour le roi… Et surtout, au premier plan, Morgane la Fée que l’on rencontre petite fille et qui va progressivement devenir prêtresse d’Avalon, formée par Viviane, et surtout, contre son plein gré, amante d’Arthur qui est également son demi-frère… Oui, la légende arthurienne nous est ici contée à travers le destin de ces héroïnes et principalement celui de Morgane dont la voix directe intervient même à certains passages.

Tout commence donc avec Ygerne qui par son union arrangée avec le Haut Roi Uther, donne naissance au futur Roi Arthur qui sera donc élu pour devenir à son tour le Haut Roi. Morgane, fille d’Ygerne née d’un premier mariage, est désignée par la Dame du Lac Viviane en raison de ses dons pour devenir prêtresse d’Avalon et ainsi prendre un jour sa place. Après des années, Morgane se retrouve amante d’Arthur contre sa volonté aux légendaires feux de Beltane par l’orchestration de la Dame du Lac et de cette union naîtra un enfant dont Arthur ne saura rien. Ce dernier devenu Haut Roi, on choisit la princesse Guenièvre pour devenir son épouse. Mais Guenièvre était tombée sous le charme de Lancelot, fidèle d’Arthur des années auparavant, ce même Lancelot dont Morgane était tombée amoureuse à la même époque… Guenièvre jouera énormément de son pouvoir sur Arthur pour obtenir beaucoup de lui, notamment d’abandonner ses symboles païens pour christianiser totalement ses armées. Mais ce qui inquiète Arthur, c’est la stérilité dont Guenièvre semble apparemment atteinte alors qu’il lui faut un héritier, sans savoir qu’il a déjà engendré un enfant des années auparavant…

Que dire… Un grand et très beau roman, parcouru d’un souffle magique qui nous retient en apnée de la première à la dernière page et qui m’a profondément enchantée. Cette épopée de Marion Zimmer Bradley repose sur de nombreuses années de recherche mais va bien au-delà du roman historique, mêlant à la fois histoire, épique, drame, romantisme et fantasy. Le style est simple mais enchanteur et la lecture n’en est que plus agréable. On y découvre non seulement des personnages très attachants, poursuivis par les tourments d’un destin qu’ils n’ont pas choisi et qui doivent se battre, mais également l’Angleterre de cette époque mythique, avec ses légendes et traditions, très étranges, voire inquiétantes, mais possédant un tel charme… J’y ai découvert avec plaisir la légende des prêtresses d’Avalon, leurs rituels, la religion païenne de Beltane et le culte de leur Déesse-mère, ses feux … Certains thèmes un peu durs, certes, comme la mort, l’inceste, la maladie, des destins cruels contre lesquels on ne peut rien… Mais c’est là une part inébranlable de cette saga mythique…

Je suis heureuse d’avoir retrouvé certains de mes personnages dépeints ici comme je les ai toujours imaginés et comme je les aime, comme Arthur, généreux, droit et avenant, ou Lancelot, courtois, courageux et loyal… Je suis fascinée par Morgane, aussi. Morgane des Fées qui s’endurcit et envoûte par son charme atypique et ses cheveux ébène. J’affectionne aussi beaucoup le personnage de Viviane, la Dame du Lac qui apparaît très humaine ici et très maternelle avec Morgane, tout comme Morgause qui dans ma dernière lecture arthurienne, était un personnage désagréable. En revanche, j’ai été un peu déçue par celui de Guenièvre que j’apprécie pourtant beaucoup en général. Si sa première apparition nous donne d’elle l’image d’une niaise, par la suite, elle finit par devenir carrément insupportable avec ses caprices et l’influence qu’elle a sur Arthur. Elle joue certes un grand rôle dans l’image que l’on nous dépeint du Christianisme avec ses bons et mauvais côtés, et sa confrontation aux légendes païennes anglaises, mais à certains moments, elle est franchement plus qu’irritante avec son esprit buté voulant tout commander…

La fin est… drôle. Enfin, comprenez que la fin du tome 1 en général laisse place à des mystères qu’il nous tarde de découvrir par la suite, comme de connaître le rôle que jouera le fils illégitime d’Arthur, mais la toute dernière scène est… Disons que je ne m’y attendais pas, que j’étais un peu déçue, que cela m’a fait un petit peu rire, mais que même si j’ai trouvé cela un peu trash sur les bords, c’est assez symbolique et représentatif d’une des relations les plus cruciales et les plus ambiguës de toute l’épopée arthurienne. Comme d’habitude, je ne spoile pas. Les intéressés liront, donc ^^ Sinon, au niveau du livre en général, on regrettera peut-être seulement un peu la description des relations amoureuses qui fait finalement assez mièvre… Mais mon jugement à ce sujet reste en suspens, car je suis sûre que la traduction y est pour beaucoup et attend donc de découvrir la version originale…

En résumé, je dirai que Les Dames du Lac de Marion Zimmer Bradley est une très belle adaptation de cette fascinante aventure des Chevaliers de la Table Ronde, avec ces mystères, ces relations qui s’entredéchirent et se renouent, ces symboles religieux, épiques et historiques et sans oublier tout le vent de magie et de fantasy qui parcours l’âme de cette saga. Et je ne me lasse pas de la relire car j’aime cette légende et ces personnages passionnément. Tout comme j’aime l’écrivain Marion Zimmer Bradley passionnément.