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8 novembre 2009

L'enfant éternel, par Philippe Forest

9782070405572

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            Bonjour tout le monde ! *smiling fairy* Me revoilà pour un nouvel article en littérature, il était temps, n’est-ce pas ?

Etant donné que mes articles sur mon blog se font de plus en plus rares, j’aurais aimé que ce nouveau message soit joyeux et magique. Si le livre dont je m’apprête à vous parler a certes été rédigé avec des mots magiques, il n’en est absolument pas heureux. C’est un livre triste, affreusement triste, mais je tenais à en parler ici pour deux raisons. La première est que c’est une lecture qui m’a profondément marquée, ce pourquoi à peine le roman achevé, je reprends le clavier pour écrire à son sujet, et la deuxième est qu’il y a un lien avec Peter…

            Je cherchais récemment des nouvelles adaptations ou de nouveaux livres en général sur Peter Pan afin de me distraire lors des (trop rares) moments où je ne travaille pas sur mon mémoire, et donc sur Jane Austen. Surtout que je pense faire une thèse sur Peter, et donc, chaque nouveau livre sur lui est le bienvenue dans ma bibliothèque mentale. Lors de mes recherches il y a quelques semaines, Google m’a indiqué un titre et un auteur : L’enfant éternel, de Philippe Forest. L’auteur est français, publié chez Gallimard et en plus, c’est un enseignant de l’université de Nantes. Bon, intéressant. Il se trouve que la médiathèque de ma ville possédait le roman, et je suis donc allée l’emprunter entre la lecture de Mansfield Park et de Sense and Sensibility, de Jane Austen. Je ne savais absolument pas à quoi m’attendre, ni comment Peter se retrouverait présent dans cette œuvre.


« J’ai fait de ma fille un être de papier. J’ai tous les soirs transformé mon bureau en théâtre d’encre où se jouaient encore ses aventures inventées. Le point final est posé. J’ai rangé le livre avec les autres. Les mots ne sont plus d’aucun secours. Je fais ce rêve. Au matin, elle m’appelle de sa voix gaie au réveil. Je monte jusqu’à sa chambre. Elle est faible et souriante. Nous disons quelques mots ordinaires. Elle ne peut plus descendre seule l’escalier. Je la prends dans mes bras. Je soulève son corps infiniment léger. Sa main gauche s’accroche à mon épaule, elle glisse autour de moi son bras droit et dans le creux de mon cou je sens la présence tendre de sa tête nue. Me tenant à la rampe, la portant, je l’emmène avec moi. Et une fois encore, vers la vie, nous descendons les marches raides de l’escalier de bois rouge. »

            Eh bien voilà, la quatrième de couverture annonce déjà la couleur. L’histoire est celle de son auteur, qui a perdu sa fille, Pauline, décédée d’un cancer à l’âge de quatre ans il y a une dizaine d’années. « L’enfant éternel », c’est elle. Comme Peter, Pauline ne grandira pas, partie à Neverland pour toujours… Comme il le dit, il a souhaité faire de son enfant un être de papier, afin qu’elle vive éternellement, qu’elle vive au-delà de cette vie qui lui a été ravie bien trop tôt…

            Inutile de dire à quel point de roman est triste, s’étendant jusqu’à l’apparition du cancer jusqu’à la fin… Mais bizarrement, je n’étais pas si attristée jusqu’aux deux tiers du roman. Je ne pensais pas en fait, que la petite allait mourir. Pas réellement, en tout cas, malgré le fait que l’auteur ne laisse aucun suspense quant à l’issue funeste… Mais cela ne semblait pas fatal, je me disais à chaque page qu’elle allait aller mieux, comme l’histoire en elle-même le laisser suggérer, par des évènements optimistes face au cancer qui semble même vaincu à un moment. Mais plus on avance dans la lecture, plus les choses se dégradent, et plus l’espoir disparaît. Et, sans savoir réellement pourquoi sur le moment, alors que la maladie de Pauline est avancée vers la fin du roman, ce sont ces mots-là qui m’ont faite pleurer, pour la première fois au cours de ma lecture :

« Alice a promis à Pauline que le lendemain, nous irions lui acheter, sinon un chat, du moins un petit animal, qui serait le sien, qui serait son bébé. » (partie VIII « Wendy », p.323)

            Je me suis sentie mal dès le début du roman, mais cette phrase là qui m’a vraiment arraché les larmes. Parce que j’ai compris que c’était vrai. Que cette petite fille innocente ne grandirait jamais, n’aurait jamais d’enfants, que sa vie s’arrêterait à quatre ans. Et le fait de réaliser que cette histoire était réelle, qu’en plus cette petite fille était née le même jour que moi et aurait je crois l’âge de mon frère aujourd’hui, si elle avait vécu, m’a profondément bouleversée. Je ne sais pas si un autre livre m’aura autant émue, et pourtant, ce n’est pas le premier que je lis sur la maladie et le fléau qu’est le cancer… Parce que c’est réel. Que c’est une toute petite fillette, adorable, innocente. Et que Peter est là, avec elle…

            Peter est là, en effet, à travers les pages. Il est là dans les références, notamment, d’ailleurs chaque partie du livre débute par une citation du livre. Il est l’objet de réflexions philosophiques de la part de l’auteur qui compare sa fille à Wendy et Neverland à la mort qui l’attend alors qu’elle saute de la planche sur le bateau pirate par exemple… Il exerce une grande fascination sur Pauline qui voit Peter comme « son chéri », car c’est son histoire préférée, et que son père lui lit Barrie le soir avant qu’elle ne s’endorme.

On vit la souffrance de ce papa et de cette maman à travers les mots de l’auteur se souvenant de ce qu’ils ont enduré en regardant leur petite fille partir. Les mots sont justes, cruels, beaux, hachés, durs, poétiques, vrais… Tout cela à la fois. On est emporté par le style si vivant de ce roman qui ne peut en aucun cas nous laisser indifférent. Lors de quelques chapitres, l’auteur abandonne la narration de l’histoire de Pauline pour se livrer à des réflexions littéraires, philosophiques, et même culturelles, comme avec la partie VI « Manga » où Pauline et son papa s’émerveillent devant les aventures de Sailor Moon. C’est un roman riche et extrêmement intelligent, rempli d’émotions, des plus belles aux plus cruelles, plein d’amour et de mort, tout cela conté d’une manière franche et bouleversante, sans verser dans le pathos pour autant. J’ignore à quel point cette histoire a été romancée, mais quoi qu’il en soit, elle a su me toucher au point que je ne pourrais jamais oublier cette lecture…

Pourquoi est-ce que je vous parle d’un roman aussi triste ? Eh bien parce ce que, malgré la tristesse, c’est ainsi. Et que Neverland peut aussi être un lieu où s’envolent les enfants malades, une fois endormis pour toujours. Parce que chacun a le sien. Que Wendy est peut-être une petite fille malade aussi, s’échappant d’un hôpital en tenant la main à Peter pour s’envoler là où elle ne grandira plus jamais… Parce que c’est sur ce thème de l’enfance éternelle que Philippe Forest a choisi de faire revivre sa Pauline. Parce que l’œuvre de James Barrie est tellement plus qu’un simple livre… Elle est une philosophie, un rêve, un monde entier… Et je ne regrette pas de l’avoir lu, même s’il me laissera mélancolique un long moment… Parce qu’il m’a permis d’ajouter une autre facette à Neverland et qu’il m’a sensibilisée sur le thème de la maladie comme je ne l’avais jamais été auparavant… D’ailleurs, quel contraste avec le Peter Pan vulgaire et idiot de Loisel que je lisais justement en parallèle !

Et ce livre est un hymne à l’amour. A l’amour parental, familial, à ces personnes à qui la vie ravit un être cher… Et un hymne aux mots qui, comme l’auteur le dit, ne sont d’aucun secours, mais permettent néanmoins de faire vivre éternellement l’être aimé… Durant toute ma lecture, paradoxalement, cette petite fille m’apparaissait de plus en plus vivante, alors qu’elle s’enfonçait vers la mort. Et c’est ainsi que son papa en a réellement fait un être de papier, authentique et éternelle…

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Commentaires
M
Je suis ravie, si je t'ai donné envie de le lire, bien qu'il soit en effet très triste ! Je suis sûre qu'il te touchera autant que moi...<br /> <br /> Bisous :)
U
chouette, un nouvel article. MAis si triste:( Pourtant, tu m'as réellement donné enie de lire ce livre. Je dois retournée à la bibliothèque demain, je le prendrai sûrement. Je vais pleurée tout le long mais tant pis. Merci de faire découvrir encore un roman.
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